Les militantes et militants de gauche qui luttent contre les systèmes d’oppression – le capitalisme, le racisme, le patriarcat, etc. – accordent généralement peu d’importance au combat contre le spécisme. Dans cet article, Marc Lamballais critique cette position et montre que ce combat devrait, au contraire, être considéré comme le plus important et le plus urgent de tous.
L’engagement en faveur des causes animales et les marques d’empathie envers les animaux semblent factuellement beaucoup plus féminins que masculins. A l’inverse, les comportements violents sont davantage masculins. Cette empathie sexuée se retrouve aussi chez d’autres mammifères et chez les nouveaux nés. La variabilité interindividuelle et la culture peuvent aller contre cette tendance.
Bien qu’on ne puisse exiger de l’ensemble des mouvements sociaux qu’ils priorisent la question du spécisme, on est en droit d’attendre une politique interluttes de non-nuisance. C’est à une telle solidarité passive qu’appelle cette lettre ouverte.
Dans un contexte de violences policières, est-il légitime d’animaliser des ennemis politiques, même s’ils participent à une institution oppressive ? Les animalistes devraient-ils protester contre cette animalisation dans un contexte politique tendu ? Après avoir rappelé comment cette question a été transformée en une virulente controverse, ce texte propose d’en « sortir par le haut ».
Dans cette épisode du podcast Les Couilles sur la Table, V. Tuaillon et ses invité-e-s A. Playoust-Braure et Y. Bonnardel examinent les liens entre domination humaine et domination masculine.
Mots-clefs: hétérocarnisme, viande, sexisme, féminisme, genre, animalisation.
Les partisans de divers mouvements de justice sociale se soutiennent régulièrement mais les groupes de défense des droits des animaux restent en dehors de ce cercle de solidarité progressiste. Will Kymlicka l’explique, au delà de l’intérêt personnel et du désengagement moral, par la remise en cause de leur pilier philosophique central : l’« humanisme ».
Alors que l’écologie et l’antispécisme sont souvent présentés comme des alliés sur un plan politique, Thomas Lepeltier avance que, au-delà de quelques alliances ponctuelles, la première, par son souci de préservation de la nature, peut nuire au développement du second.
Quels sont les liens sociologiques et historiques entre le spécisme et le sexisme ou, inversement, entre le féminisme et l’antispécisme ? C’est cette question que traite Jérôme Segal dans ce texte qui est extrait, et légèrement adapté, de son dernier livre Animal Radical. Histoire et sociologie de l’antispécisme (2020).
Compte rendu critique du livre de Josephine Donovan et Carol J. Adams en faveur de l’éthique du Care. Cette œuvre féministe critique le sexisme sous-jacent à la dévalorisation de la sensibilité au profit de la raison dans les travaux antispécistes de Singer et Reagan.
Les antinaturalistes critiquent l’invocation des facteurs non sociaux pour expliquer les phénomènes humains. Pour Pierre Sigler, cette position est liée à la théorie de la « page blanche », qui doit en partie sa popularité au fait qu’elle permet de critiquer le racisme sans abandonner le spécisme. Mots clés : inné/acquis ; nature/culture ; essentialisme ; naturalisme descriptif/prescriptif
Géraldine Franck, responsable du collectif anti CRASSE, dénonce les modalités de communication favorables au genre masculin dans le cadre de la lutte antispéciste, et les difficultés qu’elles génèrent pour les militantes.
Point de vue intersectionnel sur les liens entre les milieux militants animalistes et les autres oppressions. Sections : Constat du manque de visibilité dans les milieux militants, reprise de vocabulaire typique d’autres luttes, dénonciation raciste de certaines formes d’exploitation (halal, Yulin), rareté de cosmétiques adapté aux peaux noires, racisme quotidien, appropriation culturelle gastronomique, risque de violences policières…
En adoptant explicitement un cadre éthique empreint de compassion, qui inclut tous les êtres sensibles dans son cercle de considération morale, le mouvement Extinction Rebellion aurait le potentiel d’être un moteur du changement. Mots clés : RWAS, sentience, nature, écologie, effondrement, collapsologie
Fabien Carrié (Université Paris Nanterre, Institut des sciences sociales du politique) revient sur la mobilisation des femmes pour la cause animale en France, à la fin du xixe siècle, en se concentrant plus spécifiquement sur l’appropriation par des militantes et des femmes de lettres se réclamant de cette cause, d’arguments hostiles à la vivisection nés en Grande-Bretagne.
Portrait d’un mouvement politique dont la lecture matérialiste de nos rapports aux autres animaux ouvre des perspectives de luttes considérables. L’opposition humanité/animalité (tout comme culture/nature ou raison/instinct) est utilisée politiquement pour opprimer non seulement les animaux, mais également toute personne maintenue au bas de l’échelle sociale.
L’antispécisme a une histoire intimement liée à la pensée socialiste et mérite, à l’aune des combats écologiques du XXIe siècle, de figurer dans le corpus intellectuel de l’écosocialisme d’aujourd’hui. Petite histoire de l’antispécisme depuis Bentham; Post-cartésianisme; (Re)découverte de la conscience animale; Convergence avec écologie, socialisme et féminismes (avec exemples historiques).
Point de vue marxiste sur le véganisme, rappelant les origines capitalistes des dérives actuelles et l’impossibilité de rendre le monde végane tant qu’il sera capitaliste. Recherche de profits au dépend du traitement des animaux, impossibilité d’éviter l’exploitation (animale ou humaine) dans une économie mondialisée fondée sur l’exploitation, impossibilité pour les populations des pays en voie de développement de devenir véganes, impossibilité de comprendre l’antispécisme à travers la lutte des classes.
Comment les réactions au nouveau Guide alimentaire canadien de 2019, retirant les produits laitiers de leur piédestal, témoignent des liens entre les représentations symboliques du lait et le suprématisme blanc. Par Elise Desaulniers.
Jonathan Fernandez a étudié les imbrications, au sein de la population suisse, entre les opinions racistes, spécistes et sexistes. Son analyse porte notamment sur les différences de nature comme justification de la discrimination.
Jérôme Segal tente d’expliquer la sur-représentation de personnes juives (religieuses ou athées) au sein des luttes animalistes. Les causes énoncées sont la tradition athée de domination de la raison et de l’éthique sur le religieux ou le superstitieux, l’expérience des persécutions et de la Shoah, et plus largement révolte contre l’injustice.
Commentaires (0)